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Photographie de Virginie Zilbermann |
La peau est froide. L'homme
tangue.
Il ne va pas tarder à éloigner sa main
de son corps pâle, car
son visage est glacial comme un flocon de neige
ses chairs grelottent de part ses pulls enfilés les uns sur les autres
et, c'est comme s'il avait oublié
de s'amincir
afin
de parfaire à ceux qui peuplent son monde.
Sa mère lui avait dit :
Il ne faut pas superposer les pulls-over.
Tu vas finir par attraper
froid
au lieu du contraire.
Tes chairs contre ces monceaux de laine. Ce n'est pas
respectable.
Lorsqu'il était petit,
sa mère lui avait dit. Sa mère ne dit
plus.
Rien.
Morte. A présent. Dans sa tombe.
Enterrée,
parmi les vers et les cafards
Rongée des asticots et des petites bêtes.
Transformée en terre,
décomposée
afin d'aller rejoindre
les salades
et
les tomates,
commençant leur vie
dans le terreau frais des jours.
Un bout de maman dans la terre.
Un bout de terre
dans le vert.
Maman
qui erre dans mon estomac
grand comme l'univers.
J'ai faim.
Il faut que je mange.
La carotte
croque contre
ses dents.
Sa mère n'est plus.
Aucune parole alors
suspendue dans l'air.
Il ne faut pas superposer les pulls-over.
Les mots sont morts.
Les mots
sont morts
dans la tombe
et il n'a
rien
pour lui dicter sa vie.
Seulement le reste.
Les pensées et les convictions
qui permettent d'avancer ses pas
sur le sol mouillé d'antiquité.
A force de trop de vie,
plus rien d'original.
Les copies, de nombreuses fois.
Salies par les
savons
passés et repassés sur l’éphémère
d'êtres semblables à lui.
Car c'est inévitable.
Une vie,
c'est comme partout :
ça commence par les pleurs
et puis après on meurt.
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